Chef Johnson Paudash – Le Tireur d’élite Gentilhomme

Naissance : le 29 janvier 1875 à Hiawatha, en Ontario, dans la réserve de la Première Nation Hiawatha

Enrôlement : le 11 novembre 1914 - Corps expéditionnaire canadien, 21e Bataillon

Force : tireur d’élite, Garde des anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale

Unité : Corps expéditionnaire canadien

Division : 21e Bataillon

Décès : à 84 ans

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Mention(s) élogieuse(s) : « Pour bravoure insigne et dévouement au devoir. Le 26 janvier 1918, pendant que nos tranchées étaient massivement bombardées, le soldat Paudash est resté à son poste et a continué à tirer malgré le danger. Il a abattu un Teuton en train d’observer l’impact des mortiers de tranchée, puis a tiré sur les cibles qui se présentaient. Au cours des 29 mois où il a servi en France, le soldat Paudash a tué 42 ennemis. » AFW 3121 27-218

Renseignements fournis par l’arrière-petite-fille du chef Johnson Paudash

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Le chef Johnson Paudash, mon arrière-grand-père, était un Ojibwé né le 29 janvier 1869 en Ontario, au Canada, dans la réserve de la Première Nation Hiawatha située sur la rive nord du lac Rice, à l’est de la rivière Otonabee. Petit-fils du dernier sachem (grand chef) de la Première Nation des Mississaugas, il grandit sur les terres tribales du lac Rice, puis étudia au pensionnat indien à Brantford avant de passer quelques années à l’externat indien de Mount Elgin pour enfin retourner dans sa réserve natale.

Le 14 septembre de la même année, après sa formation, il quitta l’Angleterre, s’embarquant à Folkestone pour se rendre à Boulogne, en France, avec le 21e Bataillon. Lui et ses frères d’armes furent les premiers à traverser la Manche en plein jour. Ils se battirent en terre française jusqu’à la fin de la guerre.

Johnson est vite devenu l’un des meilleurs tireurs d’élite de la Première Guerre mondiale. On disait de cet homme réservé et calme qu’il était d’une grande sagesse. On le surnommait « le tireur d’élite gentilhomme ». Comme en témoignent les marques sur la crosse de son fusil Ross, il a officiellement abattu 88 ennemis.

Peu après son arrivée à Boulogne, on l’envoya à Messines où, le 22 septembre, il reçut une balle dans la cuisse droite. Il rejoint son unité au sud d’Ypres, en Belgique, après s’être remis de sa blessure.

Tireur d’élite et éclaireur hors pair, il s’avançait dangereusement près des tranchées ennemies avec une aisance naturelle, sans se faire repérer. C’est pourquoi on confiait souvent à ses soins des généraux en tournée d’inspection sur le front en France et en Belgique. On lui a décerné la Médaille de Conduite distinguée pour avoir sauvé la vie d’un officier lors de la bataille de la Somme. Il guida aussi des bataillons entiers devant prendre position pour attaquer les forces allemandes.

Soldat plusieurs fois décoré, Johnson Paudash combattit sur la crête de Vimy et lors de la 3e bataille de Passchendaele. On lui a décerné l’Étoile de Mons pour avoir fait partie d’une unité devenue la cible de tirs nourris pendant un court laps de temps. On lui a également remis la Médaille du service général et trois Médailles Militaires : l’une pour avoir rapporté que l’ennemi préparait sur la côte 70 une contre-attaque qui eut lieu à peine 25 minutes après qu’il fit son compte-rendu. De nombreuses vies furent sauvées. Il se vit également remettre une Médaille militaire de bravoure et dévouement au devoir. Durant un bombardement incessant des tranchées canadiennes le 26 janvier 1918, Johnson resta bravement en poste et continua à tirer sur plusieurs cibles au mépris du danger.

En février 1918, mon arrière-grand-père commença à beaucoup souffrir de ses blessures de guerre. Il avait des éclats d’obus dans ses jambes, quatre cicatrices témoignant de l’impact de projectiles dans la cuisse et le mollet de sa jambe droite et sur son front, ainsi que nombre de traces de baïonnette çà et là. Il avait contracté une néphrite et une névrite chroniques. À l’aube de la cinquantaine, il sentait son corps le trahir. Puis en mai 1918, il ne dirigeait plus le CCD et fut renvoyé au Canada. Le 9 juillet suivant, il fut démobilisé à Kingston, en Ontario, en raison de sa santé défaillante. Il fut fonctionnaire et facteur pendant les 25 années qui suivirent. De plus, en tant que chef d’une Première Nation, il consacra beaucoup de son temps à la défense des intérêts de son peuple, qu’il a représenté à maintes reprises devant le Parlement à Ottawa.

Bien que je n’aie jamais eu l’honneur de le rencontrer, mon arrière-grand-père m’inspire un respect et une fierté immenses. Il s’est porté volontaire et s’est battu pour son pays même si les Autochtones étaient exemptés de la conscription en vertu de la Loi du Service Militaire. À cette époque, les Autochtones inscrits n’étaient pas vus comme des citoyens à part entière et n’avaient pas le droit de voter. Ils étaient considérés sur le plan juridique comme des « pupilles » du gouvernement fédéral, un peu comme des personnes mineures. Johnson voulut quand même prendre les armes pour défendre le Canada. On peut mieux comprendre sa décision à la lumière d’un extrait d’une lettre qu’il a écrite à un ami de Cobourg pour lui annoncer la mort au combat d’un ami autochtone. Il y citait l’Évangile selon saint Jean (15:13) : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Le fait qu’il ait été issu d’une longue lignée de valeureux chefs guerriers explique peut-être qu’il se soit enrôlé.

On raconta qu’une des nombreuses médailles décernées à ses ancêtres remonte loin dans l’histoire du Canada. Son arrière-arrière-grand-père combattit avec Sir William Johnson dans l’armée britannique et servit à Fort George et Crown Point en 1755, puis livra bataille aux côtés du général James Wolfe sur les Plaines d’Abraham en 1759.

De 1774 à 1775, le chef George « Cheneebeesh » Paudash, son arrière-grand-père, participa à la guerre révolutionnaire avec les Britanniques, sous le commandement du général Guy Johnston. Il servit aussi lors de la bataille de Crysler’s Farm le 11 novembre 1813, pendant la guerre anglo-américaine de 1812. Il décéda en 1859, âgé de 104 ans. Il était le dernier Sachem, le grand chef de tous les Mississaugas. Quant à lui, le grand-père de Johnson, Mosang Paudash, se battit pendant la rébellion menée par Mackenzie dans le Haut-Canada en 1837. Il fut le dernier chef héréditaire de la tribu des Mississaugas du lac Rice. Il s’éteignit à 75 ans, en 1893.

Le père de Johnson, Robert Paudash, chef des Mississaugas de Pamadusgodayond, fut formé pour protéger le territoire canadien des raids fenians de 1866 à 1871.

« Ces hommes courageux ont défendu leur pays, le Canada, et notre liberté à tous. Je suis fière d’appartenir à la lignée des Paudash. Grâce à l’hommage vivant rendu sur l’Autoroute des héros, leur mémoire perdurera. »

- Susie Rucska, arrière-petite-fille du chef Johnson Paudash

On trouve d’autres renseignements concernant le chef Johnson Paudash au :

http://21stbattalion.ca/tributeos/paudash_j.html and http://av.canadiana.ca/en/veteran/5595

Nous sommes heureux d’annoncer que l’un des arbres qui seront plantés en bordure de l’Autoroute des héros pour créer un hommage vivant honorera la mémoire du chef Johnson Paudash et rappellera qu’il a protégé le Canada.

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