Le garde Herman Edward Burke (1918-1944) – Un homme ordinaire et son sacrifice extraordinaire

Herman Burke et Edna Binette, le jour de leur mariage.

Herman Burke et Edna Binette, le jour de leur mariage.

Herman Edward Burke, né le 12 décembre 1918, fut le troisième des neuf enfants d’Eddie Burke et de Blanche Dupuis. Il grandit à Thurso, une petite ville de l’ouest du Québec, vivant des journées bien remplies par l’école, le labeur de la terre et les jeux. L’enfance d’Herman fut tout à fait ordinaire.

Herman était dur à l’ouvrage. Il n’hésitait jamais à prêter main-forte à ses parents à la ferme. Puis il alla à Ottawa travailler comme pelleteur de charbon et chauffeur de camion. Il était très vaillant.

On ne sait pas au juste où et à quel moment Herman rencontra Edna Binette, celle qu’il épousa.  Alice, la sœur aînée d’Edna, était amie avec Mary Burke, une des quatre sœurs d’Herman. On croit que c’est peut-être à la ferme de l’une des deux familles que tout a commencé.

En 1941, Herman faisait partie du régiment d’infanterie Governor General’s Foot Guards lorsqu’il décida de prendre un autre genre d’engagement sérieux. Herman avait fière allure dans son uniforme militaire quand il épousa Edna le 16 mai de la même année. En mars 1942, les jeunes mariés accueillirent leur fille Evelyn et leur bonheur fut à son comble. Maintenant époux et père, Herman était devenu un adulte.

Le Canada entra dans la Deuxième Guerre mondiale le 10 septembre 1939. Les fils de Thurso répondirent sans tarder à l’appel de leur patrie. Quiconque s’enrôle doit prêter serment d’allégeance. Pour Herman, cela signifiait qu’il aurait peut-être à donner sa vie pour le bien de l’humanité s’il le fallait.

Herman fut affecté pour la dernière fois au Canada à Debert, en Nouvelle-Écosse. En août 1942, il se rendit à Thurso pour voir Edna, Evelyn et sa famille. Il ne revint jamais chez lui.

En septembre de cette année-là, Herman quitta la quiétude de son pays pour faire son devoir en terre étrangère. Pendant le long périple et les terribles mois et jours qui le suivirent, il songea certainement à la petite ville du Québec où ceux qu’il aimait attendaient son retour.

« Ses frères d’armes l’estimaient beaucoup, ils me l’ont dit. Ils admiraient son talent pour le tir, et il était l’un de nos meilleurs artilleurs. » 

– Le sergent Norman Cavan, le 27 août 1944.

Le garde Herman Edward Burke a été tué par un tireur d’élite le 14 août 1944. Il est décédé peu après que ses camarades le transportent hors de leur tank. Il avait 25 ans, 8 mois et 2 jours.

Une lettre de condoléances de Norman Cavan, son ami d’enfance, relate les dernières heures du jeune soldat. Elle met un peu de baume aux cœurs brisés de l’épouse, des parents et de la fratrie d’Herman, indiquant qu’il n’avait pas souffert et n’était pas mort seul. Le document date du 27 août 1944.

« Herman a perdu la vie en route pour Falaise. C’est là que nous avions gagné du terrain et capturé la plus grande partie de l’armée d’Hitler en France. Malheureusement, ceux qui sont tombés en chemin ne peuvent pas savoir que leurs immenses efforts et leur noble sacrifice nous ont apporté la victoire. »

Ce triste jour, le sergent Cavan et ses hommes avaient été contraints de remplacer leur tank qui avait été neutralisé. En poursuivant leur mission, ils aperçurent le blindé d’Herman dans le bas-côté, lui non plus en état de marche.

De retour au camp, le sergent Cavan ne trouva pas son ami et entendit dire que les blessés graves étaient nombreux. Le lendemain matin, il est retourné là où il avait vu le tank d’Herman. Il y était encore, et Herman ainsi que deux autres soldats gisaient sur le sol près du véhicule.

« J’ai demandé qu’on nous envoie un aumônier pour qu’il prenne les choses en main. Nous avons enterré Herman et ses deux compagnons non loin de leur char, dans une belle tréflière. Un des tankistes rescapés m’a affirmé qu’Herman n’avait pas souffert et qu’il avait rendu l’âme avec le sourire, peu après qu’on l’ait dégagé des débris. »

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« Le courage ne se trouve pas que sur les champs de bataille. Il est aussi dans les foyers de ceux qui font bravement le deuil de leurs chers disparus. » 

– Le sergent Norman Cavan, le 27 août 1944.

Le sergent Cavan évoque également le respect que vouaient à Herman les soldats qui le côtoyaient :

« Ses frères d’armes l’estimaient beaucoup, ils me l’ont dit. Ils admiraient son talent pour le tir, et il était l’un de nos meilleurs artilleurs. »

La lettre se termine par un énoncé où ressort clairement l’impact de la guerre sur les familles :

« Le courage ne se trouve pas que sur les champs de bataille. Il est aussi dans les foyers de ceux qui font bravement le deuil de leurs chers disparus. »

Le garde Herman Edward Burke est inhumé au cimetière de guerre canadien de Bretteville-sur-Laize dans le Calvados, en France.

Sa fille Evelyn, ses deux petites-filles, ses quatre arrière-petits-enfants, sa sœur survivante Marcella, sa belle-sœur Hazel et sa famille élargie le garderont toujours dans leurs cœurs. Nous sommes tous reconnaissants à cet homme ordinaire qui a fait un sacrifice extraordinaire pour sauvegarder notre liberté et la paix dans le monde.


Nous nous souvenons d’Armand Edouard Burke avec amour, gratitude et fierté.

Le 14 août 2019 marquait le 75e anniversaire du décès du garde Herman Edward Burke en France.

Un arbre donné en son honneur a été planté en bordure de l’Autoroute des héros en 2019.


Traduction du texte écrit par sa nièce Beverley Binette avec le concours de ses petites-filles Nikki et Louise.

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