Francis « Peggy » Pegahmagabow – L’incomparable tireur d’élite de la Première Guerre mondiale
Pendant que le sang coule et que le chaos règne sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, des centaines de milliers de jeunes Canadiens s’enrôlent pour défendre leur pays à l’étranger.
L’un d’entre eux se distingue particulièrement. Son courage et son intrépidité sont légendaires. Ses frères d’armes le surnomment Peggy.
Tiré du site Web de CBC - THE STORY OF US – Publié le 25 avril 2017 à 13 h 31 HE
Francis Pegahmagabow naît en 1889 dans la réserve ojibwée de Parry Island (aujourd’hui appelée de la Première Nation de Wasauksing), une communauté à proximité de Parry Sound, en Ontario. Il a trois ans lorsque son père meurt et que sa mère retourne dans sa réserve natale de Henvey Inlet.
Il va vivre avec Noah Nebimanyquod, un aîné qui a aussi élevé son père, tout comme lui orphelin. Francis passe son enfance au rythme des coutumes des Anishnaabe. Nebimanyquod lui apprend à pêcher et à chasser, pendant que sa mère adoptive le familiarise avec la médecine traditionnelle. Sa jeunesse est marquée par les enseignements ancestraux des Anishnaabe et de l’Église catholique romaine.
Francis interrompt ses études à 12 ans et commence à travailler dans des camps de bûcherons et des campements de pêche, puis finit par devenir pompier marin. La guerre éclate en Europe quand il a 25 ans. Il s’enrôle dans le Corps expéditionnaire canadien le 13 août 1914.
Survivre aux plus dangereuses missions en temps de guerre
On confie à Francis deux des fonctions les plus périlleuses pour un combattant : celle d’éclaireur, qui consiste à transporter des messages des quartiers généraux jusqu’au front, et celle de tireur d’élite.
La chasse ayant largement occupé ses jeunes années, Francis s’avère exceptionnel comme tireur d’élite. Il s’introduit dans la zone interdite, se terre dans la pénombre et attend patiemment qu’un casque allemand apparaisse devant sa mire. Cette persévérance et cette prodigieuse habileté au tir font de lui le meilleur tireur d’élite des deux camps adverses. Il aurait abattu 378 ennemis.
Cette persévérance et cette prodigieuse habileté au tir font de lui le meilleur tireur d’élite des deux camps adverses. Il aurait abattu 378 ennemis.
De plus, Francis survit à la première attaque au chlore gazeux lors de la deuxième bataille d’Ypres et prend ensuite part aux batailles de la Somme, de Passchendaele puis d’Amiens. Malheureusement, ses poumons sont irrémédiablement endommagés.
Quand il est démobilisé en 1919, Francis Pegahmagabow est le soldat autochtone le plus décoré de l’histoire du Canada. On lui remet la Médaille militaire en 1916 et, plus tard, deux barrettes. Seuls 37 Canadiens avaient reçu une deuxième barrette. On lui a également décerné l’Étoile de 1914-1915, la Médaille de guerre britannique et la Médaille de la Victoire.
Contrairement à ses camarades, Francis n’arrête pas de se battre après l’armistice. Même s’il retourne au Canada en tant que vétéran décoré, il reste un « Indien ». Un pupille de l’État qui ne jouit pas des droits d’un citoyen canadien. Il ne peut pas voter et, comme c’est le cas pour tous les membres des Premières Nations à l’époque, presque toutes les facettes de sa vie, de la possibilité de sortir de sa réserve jusqu’à sa pension de soldat, sont contrôlées par un « agent des Sauvages », un bureaucrate blanc puissant qui supervisait toute la population autochtone de son territoire.
Lutter pour des droits des Autochtones
D’abord en tant que chef de son peuple, Francis commence à militer pour le changement en 1921. On l’élit chef de ce qu’on appelle de nos jours la Première Nation Wasauksing. Il a de fréquents accrochages avec John Daly, l’agent gouvernemental local. De concert avec ses collègues conseillers de bande, Francis envoie des lettres demandant que l’on confère plus d’autorité aux chefs de bande. Mais Ottawa ne veut communiquer que par la bouche de Daly.
En 1945, il est élu chef suprême du gouvernement des Autochtones, une des premières organisations politiques autochtones et un précurseur de l’Assemblée des Premières Nations d’aujourd’hui.
Francis se met à souffrir de ses blessures de guerre dans les années 50. Il doit dormir assis pour que ses poumons affaiblis par les effets du chlore gazeux ne s’emplissent pas d’eau. Une crise cardiaque l’emporte finalement en 1952.
On se souvient de Francis Pegahmagabow, de son service militaire exemplaire et de sa détermination. On le connaît comme un courageux soldat de la Première Guerre mondiale et un ardent défenseur des droits de son peuple.