William (Billy) Patrick Regan
Cette notice biographique a été soumise par Hazel Regan, la sœur de Billy.
Billy Regan s’est enrôlé à seize ans dans le Royal Canadian Regiment et est mort au combat en Corée trois ans plus tard. Il n’était pas encore assez vieux pour avoir le droit de voter ou de boire de l’alcool, comme beaucoup de ses frères d’armes. Mais, il disait souvent avoir la bougeotte et l’armée donnait l’occasion de voir le monde.
Il est donc parti en formation au Camp Borden et à Petawawa, pour finir sa carrière en Corée après Winnipeg, Vancouver et le Japon. Il a écrit de nombreuses fois à sa famille et ses six sœurs lui ont fréquemment envoyé des lettres, même les deux cadettes qui ne savaient que gribouiller.
Un télégramme nous a appris que Billy avait été blessé par un tir de mortier ennemi puis évacué par hélicoptère à l’hôpital médical fixe no 44, où il succomba à ses blessures le 17 juillet 1953, dix jours avant la signature de l’armistice.
J’ai eu sept ans la veille du décès de mon frère. En voyant le jeune messager venir vers notre maison sur sa bicyclette, mon père a su qu’il allait lui annoncer une triste nouvelle.
Parmi mes meilleurs souvenirs, il y a la fois où Billy m’a donné un lapereau lors de sa dernière Pâques chez nous (au grand chagrin de ma mère). Il y a également la superbe fête sur notre rue qui se terminait en cul-de-sac qu’avaient organisée nos voisins pour lui dire au revoir avant son départ en Corée.
En 1969, mes parents sont morts à six mois d’intervalle l’un de l’autre sans s’être remis de la perte de leur fils unique. Billy avait deux sœurs aînées et quatre sœurs cadettes.
Nous idolâtrions notre frère. Il était beau et bon.
En 1991, quatre de mes sœurs et moi avons saisi une occasion d’aller visiter la Corée que la Légion royale canadienne et le gouvernement coréen proposaient aux vétérans canadiens de la guerre de Corée et aux membres des familles des soldats tombés au combat. La plus jeune d’entre nous n’a pas pu nous accompagner.
À l’aéroport de Séoul, un groupe de journalistes et de photographes attendait les « cinq sœurs ». On nous a reconnues et saluées presque partout où nous allions.
Le gouvernement local nous a conviées à plusieurs excursions et événements et nous a très aimablement reçues. Il souhaitait que les vétérans canadiens voient comment le pays s’était reconstruit. Les représentants officiels ont maintes fois exprimé leur gratitude envers les Canadiens qui avaient fait des sacrifices pour leur peuple.
Au Cimetière commémoratif des Nations Unies à Busan, où reposent les 516 Canadiens disparus en Corée, nous avions prévu la présence d’un joueur de cornemuse et d’un pasteur près de la tombe de Billy. Ses funérailles avaient lieu, celles où ses parents auraient voulu lui faire leurs adieux. Nous étions tous émus, bien sûr. Ce souvenir est toujours très vif.
Je savais que je retournerais un jour en Corée. Une visite a été organisée en 2011 pour les familles en deuil. J’ai emmené Hiatt, mon neveu de seize ans, pour qu’il se recueille avec moi sur la tombe de son oncle. Un poème qu’il a écrit sur Billy et la guerre de Corée lui a mérité un prix à un concours littéraire sur le souvenir de la Légion royale canadienne. N’ayant pas connu notre héros, il s’était inspiré de nos anecdotes, lettres et photographies.
Les Coréens que nous avons rencontrés étaient très accueillants, comme lors du premier voyage.
Cette fois-ci, au Cimetière commémoratif des Nations Unies, nous avons appris que chaque sépulture était entretenue chaque semaine par un élève de cinquième année. Tous les ans, un nouvel enfant est affecté à une tombe et doit tailler les rosiers et arracher les mauvaises herbes.
Par la plus merveilleuse coïncidence, une jeune femme était agenouillée près de la sépulture de mon frère. Elle nous a dit qu’elle en avait pris soin quand elle était au primaire et que, depuis, elle venait régulièrement rendre hommage à « Monsieur Regan ».
Que d’excellents souvenirs, malgré cette perte tragique. Billy habite les cœurs de bien des gens.
En achetant un arbre pour l’Autoroute des héros en mémoire de Billy, l’esprit de mon grand frère vivra pendant des générations.