Le Caporal Ainsworth Dyer – Un Homme de Cœur sans égal
Naissance : le 29 juillet 1977 à Montréal, au Québec
Décès : le 17 avril 2002, en Afghanistan, à l’âge de 24 ans
Division : 3e Bataillon, Régiment d’infanterie Princes Patricia’s Canadian Light Infantry
Fils de feu Paul et Agatha (née Dawkins) Dyer, Ainsworth est né le 29 juillet 1977 à Montréal, au Québec, et a grandi à Regent Park. Il a acquis un solide sens moral auprès de la grand-mère jamaïcaine très stricte qui l’a élevé. En février 1996, il s’est enrôlé dans le Régiment d’infanterie 48th Highlanders de la Milice du Canada en tant que fantassin, puis a été muté dans la Force régulière en octobre 1997. Au terme de sa formation à l’École de combat, le caporal Dyer a été affecté au 3e Bataillon, Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (3 PPCLI) au printemps de 1998, où il a servi comme fusilier. Puis en 2000, il a été déployé en Bosnie-Herzégovine avec le 3 PPCLI dans le cadre de l’opération Palladium. Il a été tué par accident au cours d’un exercice réel de nuit le 17 avril 2002 près de Kandahar, en Afghanistan. Trois autres Canadiens ont été fauchés en même temps que lui. Ils ont été les premiers militaires canadiens à périr durant la guerre en Afghanistan, et les premiers aussi à mourir en zone de combat depuis la guerre de Corée.
Ainsworth Dyer aimait son pays et est décédé en protégeant notre liberté. Nous avons été heureux de connaître ce costaud au grand cœur qui a su bien mener sa vie.
Ainsworth Dyer n’avait aucun doute sur ce qu’il voulait être. Il avait déjà déclaré à six ans qu’il souhaitait plus tard devenir un soldat. Une fois adulte, il affirmait que s’il mourait en service, c’est que Dieu l’aurait décidé ainsi. Il aimait tout de la vie, mais il était prêt à sacrifier la sienne pour accomplir son destin.
Ainsworth est né à Montréal dans une famille très soudée. Robuste dès le départ - il pesait presque 4,5 kilos - il a fini par mesurer près de deux mètres et était doté d’une puissante personnalité. Il débordait de vie, d’amour et de joie. Bon de nature, cet homme fidèle à ses principes et à sa religion avait, aux dires de ses frères d’armes, du cœur au ventre. Ce charismatique leader-né faisait preuve d’une détermination inébranlable. Son rire était fort et drôle et son sens de l’humour était bien à lui.
« Ains », comme on l’appelait, était un véritable athlète. Il adorait la course et finissait souvent premier. Un jour, il s’est cassé une cheville au beau milieu d’une épreuve. Sa blessure l’a empêché de gagner, mais il a franchi malgré tout la ligne d’arrivée. Il était aussi excellent au football. L’école secondaire de Regent Park qu’il a fréquentée à Toronto a nommé un prix annuel en son honneur.
Ainsworth a commencé sa carrière de protecteur à l’adolescence, en tant qu’agent de sécurité. Puis à 18 ans, il s’est enrôlé dans le 48th Highlanders of Canada. À 20 ans, il a été muté à la Force régulière. Au printemps 1998, après sa formation à l’École de combat, le caporal Dyer a été affecté au 3e Bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry à Edmonton, en Alberta. Il a mûri et est devenu un soldat responsable, tout en gardant son goût pour l’aventure. Il a conquis le ciel en parachute. De plus, il s’est entraîné pour l’épreuve Mountain Man qui comprend portage, course à pied de 31,6 km et descente de rivière de 10 km en canot. En 2000, on l’a déployé comme fusilier en Bosnie-Herzégovine dans le cadre de la mission de soutien de la paix canadienne Palladium. Par la suite, il a été déployé en Afghanistan pour l’opération Enduring Freedom.
À Edmonton, Ainsworth a eu le coup de foudre pour une jeune femme. Ils allaient ensemble à l’église et les enfants de l’école du dimanche adoraient Ains. Avant de partir en Afghanistan, ce dernier a obtenu des parents de son amoureuse la permission de l’épouser. Et c’est sur la passerelle qui enjambe la rivière Saskatchewan Nord qu’il s’est agenouillé pour lui demander sa main. Elle a tout de suite dit oui.
La passerelle qui surplombe la rivière Saskatchewan Nord et relie les parcs Rundle et Gold Bar occupe une place spéciale dans les cœurs des familles Von Sloten et Dyer. C’est là qu’Ainsworth a posé la grande question à sa fiancée Jocelyn Van Sloten avant son déploiement pour l’Afghanistan. Au lieu de célébrer un mariage, Aart Van Sloten s’est mis à fabriquer des croix en bois pour les soldats disparus dans ce pays déchiré par la guerre. Il a organisé une cérémonie où l’on a lu tout haut les noms de ces hommes tombés en Afghanistan et planté une croix pour chacun d’entre eux.
La première fois, l’événement réunissait quelques amis et parents. Depuis, il a pris de l’ampleur, car un nombre grandissant de familles y viennent se rappeler leurs êtres chers et de plus en plus de membres du public s’y arrêtent pour témoigner du respect envers les militaires décédés.
Une plaque portant les noms du sergent Marc Léger, du caporal Ainsworth Dyer, du soldat Richard Green et du soldat Nathan Smith est posée sur un mémorial illuminé près du quartier général de la Force opérationnelle canadienne à l’aérodrome de Kandahar, en Afghanistan. Un hommage a été rendu au caporal Dyer en février 2003 au Rakkasan Memorial Wall à Fort Campbell, au Kentucky.
Voici des témoignages d’amis :
« Nous pouvions être en plein exercice par -40 °C, avoir faim et manquer de sommeil depuis des jours, il arrivait et disait “ Ce n’est pas si mal, les gars ” et faisait des blagues », a raconté Daryl Bonar, un ex-militaire qui a servi dans la même unité que le caporal Dyer et les trois autres jeunes Canadiens qui ont été tués avec lui.
« Il était toujours naturel, franc, rien en lui ne sonnait faux. Il ne dénigrait jamais personne. »
« Le caporal Dyer était un homme entier. Il a déjà terminé la très exigeante épreuve du Mountain Man avec un pied cassé. Il devait porter un sac à dos lourd sur une longue distance, transporter un canot et effectuer un sprint final. Il était si déterminé qu’il a franchi la ligne d’arrivée en rampant. »
« En le voyant, vous vous disiez “ Ce gars-là est extraordinaire ”. Il faisait ce qu’il avait à faire avec une volonté de fer, il menait chacune de ses actions jusqu’au bout, il avait ça en lui. »